La maison de Pandore l'enchanteresse

Vaincu par les cris de sa femme, Nausithoos avait été réduit à trouver un logement à sa fille aînée. Il lui avait trouvé une petite maison à un prix raisonnable. S’il en avait eu le temps, il lui aurait sans doute trouvé mieux, mais les disputes des deux jeunes femmes avaient tendance à le rendre fou ou alcoolique, le plus souvent les deux, d’ailleurs. Ne pouvant se séparer de sa femme, sa fille avait fait donc dû déménager. Il avait essayé de lui expliquer diplomatiquement son geste, la larme à l’œil, choisissant ses mots. Pandore lui avait vertement répondu que, si elle était restée chez lui plusieurs mois de plus, la jeune mariée aurait terminé empoisonnée.

De toute manière, Pandore avait toujours été indépendante et vivre seule ne la dérangeait pas. Bien au contraire, elle pouvait désormais créer potions et parfums sans être dérangée en permanence par des cris ou des commentaires désobligeants et faire sécher ses herbes partout où elle le voulait. Et, comble du luxe, elle pouvait enfin goûter au silence…

C’est à dos d’âne qu’elle avait déménagé ses amphores, ses coffrets remplis d’alabastres d’essences de fleurs, ses fils de laine, ses rares vêtements et tout ce qui lui restait de son mentor. Tout y était désormais exactement organisé comme dans la hutte de la vieille Panthias, au détail près.

Pandore, pour ne pas déranger ses voisins et éviter que ceux-ci ne la forcent à quitter son logement, n’avait pas mis d’écriteau « Pandore, enchanteresse » à la porte. De toute manière, elle le savait bien, sa tenue en elle-même désignait son « métier ». De plus, les affaires allaient certainement marcher : même si ses voisins allaient la haïr ou médire sur elle, ils seront ses premiers clients : on a toujours besoin d’une enchanteresse près de chez soi !

Pandore retroussa ses manches: elle avait trois parfums à faire et une potion contre la gueule de bois à finir. Elle tria ses herbes et se pencha sur la bassine perchée sur un trépied au-dessus de l’âtre.


[ HJ: n'hésitez pas à entrer, quel que soit le sujet, je ne mords pas ]

Voila ta maison installée. N'attends pas que les joueurs viennent car tu attendrais longtemps peut-être. En priorité, il faut leur donner des raisons de venir et donc, te faire connaître. Pour ça, une seule solution, participer au jeu et entâmer des Rp.

Bon courage.

déjà fait, j'ai lancé un RP à la taverne. J'attends les fêtards!

Un soir sans lune, un homme âgé d'une quarantaine d'années environ entre chez Pandore. Il est vétu d'une longue tunique sombre de la tête aux pieds et un capuchon de la même couleur protège sa tête de la curiosité des gens. L'homme semble apparemment costaud et alerte et paraît aussi équipé d'une arme au moins.
S'assurant qu'il est seul dans le magasin avec Pandore, l'homme ferme la porte à clef et interpelle la propriétaire d'une voix sure et grave.

Eh, toi ! On dit que tu connais quelques choses de la nature ... Est-ce que tu es Pandore l'enchanteresse ?

Pandore, qui était sur le point de rajouter une queue de lézard à sa mixture contre la calvicie, leva la tête de sa bassine en cuivre. Qui donc osait venir la déranger pendant une opération si délicate? Elle se mit à loucher si fortement qu'elle ne voyait plus une queue de lézard, mais trois. Inutile d'aller plus loin dans ces conditions, le cataplasme serait forcément manqué. Elle raidit son dos pour se faire paraître plus grande et pivota des talons en direction de la voix.

Tout d'abord elle ne vit rien tant la pénombre de la pièce était grande. La bassine sur le feu étouffait la luminosité, les herbes et les amphores projetant leurs ombres noires et inquiétantes tout autour d'elle. Peut-être entendait-elle des voix d'outre-tombe? Sans doute un acte de quelque rivale malveillante...

Un subtil mouvement et le bruit d'une porte fermée à clef attira son attention. Par prudence, elle se saisit de son bâton. Parfois les clients ne sont pas vraiment commodes, surtout s'ils lui demandent de les soigner d'une maladie que ni elle, ni les disciples d'Hippocrate ne peuvent soigner. La voix de l'homme ne la rassura pas, d'autant plus qu'il semblait la chercher et elle se doutait bien que ce ne serait pas pour quelque aventure galante.

Elle fit sa pire grimace, celle qu'elle avait surnommé "la tête de la harpie enragée". Pandore remercia intérieurement les dieux d'être presque aussi laide qu'une gorgone. Au moins, elle pouvait impressionner les clients et cela pouvait les effrayer, au cas où. Et puis, elle n'avait pas l'air d'une belle et faible femme, ce qui dans bien des cas lui avait été utile. Elle avança prudemment vers un tabouret qu'elle rapprocha du feu et s'assit.

"Homme, tu as trouvé Pandore l'enchanteresse. Tu me demandes si je sais certaines choses de la nature, cela est vrai. Mais je ne connais pas tout, car mon enseignement me vient d'une enchanteresse et non des dieux.

Mon art est ancien, j'utilise la langue antique des doriens. Si je connais les formules, je n'en sais point le sens. Il est certaines choses que les hommes ont oublié, mais la terre, les éléments, les animaux et les dieux les gardent en mémoire, sensibles au pouvoirs des mots et à leur douce musique.

Tu sais qui je suis et ce que je fais. J'ai répondu à ta question, homme. A toi, désormais de répondre à la mienne: que cherches tu?"

L'homme ne semble pas impressionné du tout par Pandore, il la jauge d'un regard et s'arrête un instant sur le baton que porte la jeune femme. Sans s'avancer trop près du feu et de la lumière qu'il agite, l'homme demande

Je veux des amanites phalloïdes qu'on trouve sous les feuilles des arbres de nos forêts lorsque l'automne survient. Toi qui connais la nature, tu pourrais certainement m'en trouver, non ?
J'en veux cinq beaux spécimens.

Pandore fit la moue. Certainement l'homme connaissait par ouï dire les vertus vénéneuses du champignon et ne désirait pas s'en faire une omelette. Mais s'il voulait tuer discrètement et rapidement, ce n'était vraiment pas le meilleur ingrédient. Si un chamignon tuait un boeuf, avec cinq spécimen, ce serait une hécatombe. Mais Pandore avait besoin d'argent, et l'homme n'était pas spécialement le genre de type auquel on refuse un "service".

Bien, homme, j'irai t'en chercher. Je n'ai pas cette marchandise en ma possession, mais si tu veux tes champignons rapidement, il faudra y mettre le prix. J'avais prévu de travailler demain et cette quête dérange mes plans. Combien m'offres-tu pour courir la forêt et affronter les bêtes sauvages?

Je t'offrirai plus que n'importe quel autre client si tes services sont rapides, discrets et de qualités. Je reviendrais d'ici à deux jours pour les chercher. A bientôt.

L'homme jette une bourse à Pandore et quitte sa maison rapidement et sans un bruit. Malgré la lourdeur de son équipement guerrier, il ne semble pas être balourd ou ralenti. Et avant que Pandore ne réagisse, l'homme a quitté sa maison et probablement la rue ... Dans la bourse, Pandore découvre 500 oboles, plus de deux mois de salaire ...

La nuit survient donc, une nuit sans lune qui rend les rues d'une rare noirceur. Seule la porte de Pandore est encore ouverte à cette heure tardive et aucun bruit ne provient de la rue si ce n'est les miaulements de quelques chats errants et d'autres bruits que Pandore ne parvient pas à localiser.
Une fois la nuit avancée, la porte de l'échoppe s'entreouvre et l'homme apparaît dans l'antre de la maison de l'enchanteresse. Il semble toujours aussi inquiétant qu'auparavant et est toujours aussi discrétement vétu. Il jette apparemment un regard dans la pièce et revient sur Pandore

Tu as mon bien ?