Notre régime politique ne se propose pas pour modèle les lois d'autrui , et nous sommes nous-memes des exemples plutot que des imitateurs. Pour le nom ,comme les choses dépendent non pas du petit nombre mais de la majorité , c'est une démocratie. S'agit-il de ce qui revient à chacun? La loi ,elle fait à tous , pour leur différend privés , la part égale , tandis que pour les titres , si l'on se distingue en quelque domaine, ce n'est pas par l'appartenance à une catégorie , mais le mérite qui vous fait accéder aux honneurs , inversement , la pauvreté n'a pas pour effet qu'un homme , pourtant capable de rendre service à l'État , en soit empecher par l'obscurité de sa situation.
Nous pratiquons la liberté , non seulement dans notre conduite politique , mais pour tout ce qui est suspicion réciproque dans la vie quotidienne : nous n'avons pas de colère envers notre prochain, s'il agit à sa fantaisie , et nous ne recourons pas à des vexations qui ,meme sans causer de dommage , se présentent au dehors comme blessure.
Malgré cette tolérence , qui régit nos rapports privés , dans le domaine public , la crainte nous retient avant tout de ne rien faire d'illégal , car nous pretons attention aux magistrats qui se succedent et aux lois - surtout à celle qui fournissent un appui aux victimes de l'injustice ou qui sans etre lois écritent , comportent pour sanction une honte insidcutée.
Nous cultivons dans le beau et la simplicité , et les choses de l'esprit sans manquer de fermeté. Nous employons la richesse , de préférence , pour agir avec convenance , et , quant à la pauvreté ,l'avouer tout haut n'est jamais une honte : c'en est plutot une de ne pas s'employer à s'en sortir.
En résumé , j'ose le dire : notre cité , dans son ensemble , est pour la Grèce une vivante lecon , cependant qu'individuellement nul , mieux que l'homme de chez nous , ne peut ,je crois , présenter à lui seul une personnalité assez complete pour suffire à autant de roles et y montrer autant d'aisance dans la bonne grace.
oraison aux morts de la premières année de guerre Texte attribué à Pericles , in Thucydide , Histoire de la guerre du Péloponnèse, les belles lettres Paris ,1962.