Le soleil résiste toujours aux assauts de sa soeur la nuit, bien décidée à régner sur les Hommes le temps de quelques heures comme chaque jour que les Dieux font.
Cette fin d'après-midi, les Athéniens l'attendent avec impatience. Depuis l'annonce de l'arrivée de Tsartias le Jeune afin de conclure une alliance, tous, y comprit les magistrats, se sont mis en quatre pour assurer à Athènes une meilleure image que ce qu'elle avait jusqu'alors.
Une réception a été décidé. Elle se divisera en deux parties. Voici comment Tsartias fit son entrée.
Alors que peu de monde n'était encore au courrant de l'arrivée imminente de Tsartias, le premier stratège Ajax, avec quelques hommes à lui, s'est dirigé vers le nord est afin de rencontrer le tyran de Marathon. Ayant accepté la demande du stratège qui consistait en l'établissement des 5000 soldats marathoniens hors d'Athènes, l'armée reprit sa route laissant s'en aller au loin Ajax et ses 50 cavaliers lourds.
Pendant ce temps, à Athènes, on s'affairait dans une atmosphère de grande crainte. Non pas que l'on craignait le dessein de Tsartias mais plutôt que les citoyens craignaient de ne pas être prêts à temps.
Délios, le grand prêtre de Zeus, tout dévoué qu'il est, prépare les victimes pour les différents sacrifices qui auront lieu en présence du redouté tyran. L'archonte Miltiade, secondé des archontes Bucéphale et Alcibiade, a mis en oeuvre la cérémonie d'acceuil où chaque grande personnalité athénienne rencontrera chaque personnalité marathonienne.
Enfin, les responsables de la sécurité, Ajax et Erostrate, ont fait le nécessaire pour qu'aucun débordement ne vienne déranger les discussions.
Ajax et ses hommes entrent enfin. Les grandes portes de la nouvelle muraille d'Athènes s'ouvrent et avalent les 51 cavaliers de ses lèvres puissantes et robustes. Les citoyens accueillent d'abord Ajax, mais on sent bien que leur sang ne bouillonne que pour un seul évènement : l'arrivée de Tsartias. Ajax monte sur le plus proche podium de l'entrée qui se trouve sur l'agora. Il monte et apprend à la foule que le géant Hellos ne rentrera pas à Athènes. Par pudeur, personne ne montre sa déception, mais on sent qu'ils auraient bien aimé le voir, celui que l'on appelle le Demi Dieu; celui qui a résisté aux dizaines de flèches des archers de Thémistocle, celui enfin qui a sauvé son Roi au péril de sa vie. Tous l'admirent en secret. Presque tous, car à l'annonce d'Ajax, beaucoup ont manifesté leur satisfaction. Certainement les familles des victimes d'Hellos. Au loin la ligne d'horizon s'élargit. Ils l'ont tous compris : c'est Tsartias. Rapidement, il semble faire stationner ses hommes au pied du mont Lycabette, proche de la rivière Eridanos.
Les archers postés sur les murailles d'Athènes restent figés, l'arc à l'épaule. Les ordres ont été strictes. Pas de combat sans l'ordre du premier stratège. Les citoyens se sont rassemblés sur l'agora sur la route qui mène à l'entrée, dans ce quartier du nord de la cité où peu veulent résider car on y dit les moeurs honteuses et l'insécurité présente.
Soudain, au loin, on voit un groupe d'une centaine d'hommes partir au galop vers l'acropole. C'est une illusion ! Le rocher divin nous trompe. Il est tellement imposant que l'on croit que tout va en sa direction. En réalité, les portes d'Athènes commencent à s'ouvrir. Tsartias, lui, découvre. La dernière fois, seules des palissades de bois entouraient la cité. Désormais, il semble considérer Athènes avec plus de respect comme si une muraille représentait ce qui se trouvait au sein de la cité.
Les portes sont désormais entièrement ouvertes, et Tsartias est en quelques mètres. A l'entrée, il s'arrête. Effectue un mouvement de la tête de gauche à droite comme pour admirer la muraille puis ordonne à son cheval d'avancer lentement. Lorsqu'il pénètre dans la cité, les citoyens l'accueillent le long de la route. Tous crient, l'acclament, comme si le passé n'existait pas. Au bout de la rangée de citoyens se tient les Bouleutes, prêts à accueillir comme il se doit le Roi Tsartias.
Ce dernier laisse, au bout de quelques minutes, apparaître un petit sourire, qui, semble, curieusement, sincère.
Sur l'agora d'Athènes, les citoyens observent à grand bruit l'entrée presque triomphale de Tsartias. Enfin, il arrive devant les bouleutes.
L'épistate Ptolémée vient accueillir le Roi à sa descente de cheval. Un soldat qui s'est dégagé de derrière les bouleutes vient prendre la monture royale pour la nourrir le temps des réjouissances.
- Heureux de t'accueillir, Roi de Marathon, lance Ptolémée.
Tsartias finit de profiter de l'accueil chaleureux des Athéniens puis répond :
- Tu ne sembles pas être le seul, Suj... heu Citoyen.
Il se retourne et fait signe à deux soldats de le suivre. Les autres resteront à l'entrée de la cité.
Du haut de l'acropole, le grand prêtre de Zeus, Délios, assiste à l'entrée du Roi. Le collège de prêtres qui vénère avec lui le souverain du monde et des Dieux attent patiemment. Tout est finalement prêt.
En bas, sur l'agora, les bouleutes guident le Roi vers l'acropole. Ils empruntent la voie que les prêtres et prêtresses empruntent lors des fêtes des Panathénées en l'honneur d'Athéna Niké.
La montée vers l'Aréopage, d'abord, puis vers l'acropole, est rude et approuvante. Tsartias se retourne à plusieurs reprises pour admirer la magnifique vu sur la plaine d'Athènes qu'offre la colline de l'Aréopage où se réunit les anciens archontes, juges des crimes de sang. Sur cette colline, d'anciens archontes saluent le Roi entouré de ses deux soldats.
Soudain, des chants se font entendre de l'acropole. Tsartias semble ravi. Lui aussi vénère Zeus plus que tout autre Dieu il semblerait. Les marches menant à l'acropole semblent divinement faciles à monter. Les bouleutes Hippocrate, Pirus Gracchus et Ptolémée discutent avec le Roi, expliquant tour à tour les projets de construction sur l'acropole, puis les types de temples vénérant Zeus et Athéna.
Enfin, Délios et ses prêtres sont en vue. Ces derniers forment deux colonnes au centre de laquelle les convives s'immiscent.
La foule reste en retrait. Seuls les bouleutes, les archontes et les stratèges accompagné du Roi se sont avancés.
Délios, grand prêtre de Zeus demande d'abord la bienveillance du Maître tout puissant sur Athènes et Marathon. Il prie les Dieux que le traité réussisse. Tsartias semble étonné de tant de piétié.
D'un endroit que personne n'avait remarqué surgissent des prêtres tenant tant bien que mal un énorme boeuf. Délios récite des phrases rituelles puis met à mort le boeuf. Pendant de longues minutes, le spectacle demeure le même. En tout, 100 boeufs sont sacrifiés devant les yeux de Tsartias, n'ayant pas sourcillé une seule fois. Cependant, il semble content et satisfait de cet accueil. Voilà presque 2 heures que Tsartias est arrivé. Les prêtres découpent les morceaux réservés au peuple et les distribuent du haut de l'acropole. Le reste est brûlé pour nourrir les Dieux.
Délios s'adresse enfin au Roi de Marathon.
- Roi Tsartias, Zeus te protège désormais. Tu es en sécurité à Athènes.
Les restes des victimes du sacrifice te seront servies au banquet qui se déroulera dans la soirée.
Le Roi opine du chef. Il est d'autant plus satisfait qu'il adore le boeuf selon les rumeurs qui circulaient depuis quelques jours.
Enfin, le convoi de bouleutes et d'archontes se retire du temple de Zeus.
Tous descendent de l'acropole. L'archonte Miltiade d'Athènes annonce le programme au Roi marathonien :
- Tsartias, nous allons discuter avec toi au sein de l'ecclesia, sur la colline du Pnyx, celle que tu vois là bas.
L'archonte se retourne et pointe du doigt une colline proche de celle des muses, et qui domine l'agora.
Tsartias sourit. Accompagné des archontes il prend la direction de la colline de la Pnyx. En route, l'archonte finit par dire :
- Par la suite, vous irez rencontrer les bouleutes sur l'agora.
- Bien, Archonte, bien Cependant, on m'a dit qu'il y aurait un mariage, celui de l'archonte éponyme et de votre ... ambassadrice.
L'archonte polémarque Miltiade semble étonné. Il se retourne et s'adresse à l'archonte Alcibiade.
- Effectivement, je n'étais pas au courrant. Le mariage sera célébré ce soir lors du banquet où nous dégusterons les restes de boeufs.
A suivre
(à vous de poursuivre)