Ambassadeur de Salamine

Le Roi se lève et avec toute la courtoisie de rigueur s'exprime, une courtoisie qui apparaît très honnête cette fois.

Ambassadeur de Salamine,
Je comprends votre position, je comprends vos craintes, et j'aimerai véritablement en finir avec cette histoire, cette affaire qui prend des proportions inadéquates.
Je souhaitais principalement m'exprimer sur le point des provinces que Salamine et Orôpos seraient en droit de revendiquer.
Je décèle une pointe de provocation dans ton discours Ambassadeur mais je la comprends, elle a le mérite de provoquer ma réaction. Et bien la voici. Oui, Salamine et Orôpos ont tous les droits de revendiquer ces territoires, car ils lui ont été promis et, j'insiste là dessus, ils lui ont été offerts par Athènes en l'an 6.
Ceci est acquis, le traité a donc bien été respecté.
Quand au parallèle que tu fais entre ces territoire que Salamine et Orôpos sont en droit de réclamer et Orôpos, je dirai qu'il y a une différence majeure !
C'est le danger que représentait Spherros. Ainsi, la légitimité de revendiquer un territoire s'est transformée en nécessité d'intervenir pour pacifier la région concernée.
Epaminondas projetait d'implanter les puniques en Attique à travers une petite colonie établie à Spherros. Epaminondas projetait d'attaquer Athènes aidé par ses nouveaux alliés puniques et leurs armes.
Athènes a donc agit en légitime défense et je ne vois pas Salamine et Orôpos leur reprochaient cela. Alors, certes, je ne vais pas jusqu'à demander à l'Attique de remecier Athènes d'avoir coupé court aux ambitions puniques en Egée et en Attique, mais je leur demande de reconnaître au moins la rapidité de la réaction à endiguer la crise qui se profilait.

Salamine et Orôpos, des amies, sont donc aujour'hui à remuer les souvenirs de l'Attique au lieu de venir féliciter Athènes d'avoir su réagir. J'avoue que je ne comprends pas mais vraiment pas car jamais et je le dis devant tous les témoins ici présents, jamais Athènes n'attaquera par surprise Salamine ou Orôpos ou une autre cité du monde grec, car nous ne sommes pas des barbares et que nous connaissons les règles de la guerre.

De plus, je tiens à souligner qu'Athènes n'a pas usé de la force pour rallier le peuple de Spherros à elle, c'est ce même peuple qui a détrôné Epaminondas et l'a mis à mort. Athènes s'est contenté de pacifier la région pour éviter une intervention opportuniste punique éventuelle qui aurait eut des conséquences désastreuses en Attique. Car une foisl es Puniques installés, qu'aurait-on fait ? Après avoir reproché à Athènes de ne pas avoir été assez réactive bien sûr ...

Non, je comprends, je le répète, vos inquiétudes et tu es venu ici pour avoir des garanties pour rassurer ton peuple et je t'apporte ces garanties. Athènes est prête à signer que jamais elle n'attaquera Salamine, qu'Athènes ne projette pas de propager la guerre en Attique car le but principal de mon règne est la paix, qu'il n'y a pas eut de guerre entre Athènes et Spherros et qu'Athènes renouvelle toute son amitié à Salamine.

D'un ton courtois, mais d'une courtoisie forcée:

Majesté, serais-tu donc en train de me suggérer que c'est mon Roi Son Altesse Sérénissime Dahlias de Salamine qui devrait venir remercier Athènes pour l'avoir débarrassé de ce minuscule Royaume de Spherros? J'espère que c'est une plaisanterie, car si ton hypothèse des Punique est avérée, Athènes semble avoir oublié un élément fondamental: si Epaminondas projettait de favoriser l'implantation des puniques dans son Royaume, qui nous dit que ce dernier n'a pas conclu un traité avec eux? Actuellement, comme tu le sais probablement, ces derniers ont conclu un traité d'alliance avec la Perse, et semblent attacher toute leur attention vers la Cyrénaique et l'Egypte.

Mais quand ils auront fini de s'occuper de cette région, s'ils ont signé un traité avec Epaminondas, et je dis bien si, que crois-tu qu'ils vont faire? Ils vont venir en Attique, et constatant la disparition du Royaume de Spherros, vont bien entendu profiter de l'occasion rêvée qui leur est offerte...

Non, décidément, Roi Cimon, tu ne sembles pas comprendre toutes les implications que pourraient avoir une reconnaissance de Spherros par Salamine en se basant sur tes explications, car cela voudrait dire que nous y souscrivons. En reconnaissant l'invasion athénienne de Spherros, Salamine adhérerait de facto à la manière dont Spherros a été prise.

Pour que cela soit défendable au niveau diplomatique pour Salamine, il faut qu'Athènes puisse démontrer sa bonne foi.

Or là, Roi Cimon, je commence à croire que tu souhaites simplement te débarrasser à moindre frais de cette affaire de Spherros. Crois-tu que le Roi de Salamine va simplement te donner sa bénédiction en baissant la tête?

Actuellement, je suis venu et Salamine a déjà proposé un compromis en soit: accepter de poursuivre des relations diplomatiques et commerciales avec Athènes, et reconnaître Spherros comme faisant partie du territoire athénien.

Et là, en contre-partie, Salamine demande simplement qu'Athènes rétablisse une situation juste envers son ancienne alliée en lui restituant ses territoires légitimes.

Mais toi, Roi Cimon, que propose-tu comme compromis? Nous permettre de repartir content chez nous, parce qu'Epaminondas n'est plus?!

Je suis réellement attristé, Majesté, que tu n'aies pas compris comment fonctionnait la diplomatie. Vraiment. Car ce que tu proposes à Salamine - c'est à dire rien du tout - est tout simplement inacceptable!!!

Je te l'annonce: si Athènes persiste et décide de ne faire aucun compromis à Salamine, ainsi qu'aux autres nations de l'Attique, alors tu peux mettre une croix sur la Réunion que je proposais.

Le Roi

Mais si Salamine désire révendiquer et récupérer ces territoires, qu'elle le fasse. Je la crois suffisamment puissante et autonome pour mobiliser des hommes et partir à la reconquète des territoires perdus. Je ne vois vraiment pas comment Athènes pourrait lui être utile dans cette affaire. Les territoires concernés n'appartiennent pas actuellement à Athènes donc le roi que je suis n'y peut rien.

Quand aux Puniques, effectivement si Salamine, imitée par d'autres cité d'Attique, se braque et tourne le dos à Athènes, nous risquerions d'avoir des mauvaises surprises le jour où Carthage décidera de venir en Attique, si effectivement elle le décide un jour.
Nous devons nous unir et non pas nous diviser, or, le refus de voir Athènes s'allier à la Ligue Attique il y a peu prouve que vous n'êtes pas plus de bonne foi que ce que vous prétendez pour ma part. Athènes désire la paix et la sécurité et vous vous prônez le conflit des mots, le statut quo plutôt que l'entente et l'amitié.

J'en suis attristé. Je demande une seule chose, reconnaissez Spherros comme Athénienne car Athènes a repoussé la guerre éventuelle contre Carthage et non pas, reconnaissez Spherros comme athénienne contre un cadeau ou une aide.
Je suis d'autant plus attrisité que j'ai l'impression que Salamine veut profiter de la situation pour son propre intérêt. Athènes n'a attendu personne pour pacifier la région de Spherros et récupérer un territoire qui lui revenait de droit.

Donc, Ambassadeur, je suis navré mais je ne peux vraiment rien faire du tout pour ta demande de récupération de territoires perdus car, je te le répète, c'est contre toute logique de me demander à moi de te rendre des territoires qui ne m'appartiennent pas.

L'Ambassadeur fronce les sourcils, puis continue d'un ton officiel:

Je suis outré que tu penses que Salamine veuille profiter de la situation à son seul intérêt. Et quand tu dis que Salamine est suffisament forte pour reconquérir ces territoires qui lui appartiennent, tu as raison: mais encore une fois, je vois là le raisonnement qu'aurait Athènes pour récupérer ce à quoi elle a droit. Salamine ne raisonne pas comme ça, car elle veut faire passer la diplomatie avant tout. En conséquence, laisse-moi douter de ton soi-disant message de paix et d'amitié. Tes actes et des pensées contredisent tes paroles.

Et ce qui est inadmissible, c'est que tu agisses à sens unique, par le fait que tu veuilles faire accepter la souveraineté Athénienne sur Spherros en te basant sur le traité de paix avec Marathon. D'après ce dernier:

Citation :

Article 5 : Marathon cède à Mégare et Salamine les territoires d’Archarnae et Ikaria .

Article 7 : Athènes recouvre Spherros qui revient sous sa juridiction.

Article 8 : Oropos recouvre son indépendance et sera composé des territoires suivants : Oropos, Tanagra et Aphiona (ajout à son territoire).

Ce n'est pas Athènes qui cède, mais Athènes qui FAIT CEDER Acharnae et Ikaria de la part de Marathon à Salamine et Mégare. Or, tu viens de me dire que ce qui a été fait une fois n'est plus valable une seconde?! Il n'y a eu aucun traité qui ait ultérieurement modifié cet état de faits, donc si légalement, si tu justifies que Spherros appartient à Athènes, il en est de même pour les autres territoires par rapport à Salamine.
Si quelqu'un s'engageait à te donner une cité EN ECHANGE DE LA PAIX, qu'il te la donne, et qu'immédiatement après, il te la reprend, considérerais-tu que c'est normal?

C'est exactement ce qui se passe ici! La situation de Spherros découle du même traité, donc la même chose doit être réalisée pour les autres territoires. Il n'y a pas deux poids deux mesures!!! Tu vois, Roi Cimon, cette mauvaise foi et cette manière pernicieuse de se dédouaner, de tordre les choses, et de faire paraître comme une bénédiction ce qui a été une invasion illégale et contraire aux traditions diplomatiques, c'est justement les raisons qui font que tant que les choses seront comme cela ici, Athènes ne pourra pas rejoindre la Ligue Attique. Dire que tu prônes la paix et l'amitié, alors que tu persistes à ne pas respecter les traités et les traditions diplomatiques, c'est totalement absurde!

Tu me dis que tu demandes qu'une chose: reconnaître Spherros comme étant athénienne. Et bien mon Roi te demande qu'une chose: reconnaître Ikaria et Acharnae comme étant Salamienne et Mégarienne!! Parce qu'en quel honneur, Salamine reconnaîtrait à Athènes un territoire qui lui avait été donné et reperdu par la suite, si tu tiens le même argument par rapport à Acharnae et Ikaria? Soit un territoire reconnu une fois l'est pour toutes, soit il ne l'est pas.

La situation est donc très simple: Salamine agira de la même façon qu'Athènes, c'est la logique même: soit Athènes estime que ce qui a été dit par le traité de paix avec Marathon est valable tant qu'un autre traité diplomatique n'a pas remis cela en question, soit Athènes estime que ce qui a été perdu dans les faits une fois ne peut pas être récupéré. Dans la première solution, Salamine reconnait de facto Spherros comme athénienne; dans la seconde, Spherros sera considéré par Salamine comme étant un royaume indépendant.

Et si tu n'arrives pas à concevoir cela, nous n'avons plus rien à nous dire.

D'ailleurs, pour conclure, j'aimerais donc savoir ce que tu souhaites répondre à mon Roi, majesté: souhaites-tu que je lui dise qu'Athènes estime que Salamine doit lui être reconnaissante, et qu'Athènes estime avoir agi de manière totalement justifiée? Prends bien attention à ta formulation, car de cela peuvent dépendre les futures relations diplomatiques entre nos deux cités.

Avant de conclure j'aimerai dire un dernier mot. Je dois le dire, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, Ambassadeur.
Les territoires que Salamine et Orôpos ont acquis en l'an 6 sont des territoires qu'elles n'ont jamais possédé et qu'elles possédaient dès lors.
Quand à Spherros, elle appartenait depuis longtemps déjà avant que la guerre avec Marathon n'éclate. Ainsi, il s'agissait de restituer à Athènes ce qui lui appartenait ! Contrairement à Salamine et Orôpos qui obtenaient de NOUVEAUX territoires.

Mais même si tu ne prends pas en compte cet argument, dis toi qu'Athènes a agit dans l'intérêt de l'Attique en retardant l'arrivée des puniques et en mettant fin à une tyrannie d'Epaminondas qui mettait en danger tout l'Attique.

Maintenant voici le message que tu vas rapporter à ton roi.
Salamine, ton Ambassadeur m'a communiqué les craintes que t'inspirait l'affaire Spherros. Il a fidèlement, je crois, restitué ta pensée et j'ai tout fait pour tenter de le rassurer afin qu'il transmette mon message de paix et d'amitié. Cependant, j'ai été très étonné que ton Ambassadeur me présente également des conditions à la reconnaissance athénienne de Spherros. J'ai renouvelé mes explications et rien n'a pu le faire changer d'avis. Pourtant tout semble être cohérent. Epaminondas représentait un danger pour tout l'Attique, cela ressort des enquètes que j'ai fait mené. Ce sont des sources sûres. Athènes a donc agit le plus rapidement possible pour empêcher l'installation des puniques en Attique que souhaitait favoriser Epaminondas. De plus, sache que jamais Athènes n'a fait la guerre à Spherros, que c'est son peuple qui a détrôné son roi, l'a mis à mort et a ensuite accueillit les Athéniens à bras ouverts. Athènes reconnaît donc avec pacifier la région de Spherros et reconnaît également vouloir y rester, selon le souhait des Spherrotes. Athènes répond également qu'elle réaffirme vigoureusement son amitié à Salamine et son message de paix qu'elle souhaite diffuser dans tout l'Attique. Athènes, consciente des inquiétudes qu'elle a déclenché chez ses voisines, présente ses excuses pour ne pas avoir agit dans la concertation mais estime avoir agit selon l'urgence de la situation et espère pouvoir compter à l'avenir sur ses amies pour faire de l'Attique une région puissante et unie.

L'Ambassadeur hoche la tête, pensivement:

Bien, je transmettrai ce message à mon Roi. A titre personnel, je suis soulagé qu'Athènes présente tout de même ses excuses, mais je suis attristé de voir qu'Athènes n'a pas envie de faire ne serait-ce qu'un seul compromis. Néanmoins de part ton message, mon Roi acceptera cependant tout de même que cette réunion des cités de l'Attique ait lieu pour discuter de Spherros.

La reconnaissance de Spherros se fera après cette réunion seulement. Il est clair que si la Ligue Attique choisit de reconnaître collégialement Spherros comme athénienne, Salamine se pliera à la majorité. J'espère pour vous que vous saurez faire des compromis avec Laurion et Orôpos...

Je dirai donc à mon Roi qu'Athènes ne souhaite pas aider Salamine à récupérer ses territoires qu'Athènes avait reconnu comme lui appartenant. Il va sans dire que cela n'aura aucune conséquence directe, mis à part le fait que nos relations s'en ressentiront considérablement. En effet, l'amitié se développe aussi par le soutien et l'aide mutuel.

Mais pour conclure, je souhaiterais vous raconter une petite histoire:

Il était une fois deux voisins: l'un était charpentier, l'autre bucheron. Un jour, alors que le bucheron coupait du bois, le charpentier vient vers son voisin le bucheron, pour lui demander de l'aider: en effet, il n'a plus de bois et en a absolument besoin tout de suite, pour aller réparer la maison d'une autre personne avant qu'elle ne s'effondre. Le bucheron répond au charpentier qu'il ne peut pas, car il ne coupe du bois que pour son ami, qui est un très riche menuisier.
Le charpentier repart donc triste et déçu chez lui. Par chance, il s'entend très bien avec un grand armateur, et ce dernier accepte de lui donner le bois nécessaire, pour qu'il puisse accomplir son travail.
Quelques temps plus tard, après quelques intempéries, la maison du bucheron s'effondre. Heureusement, celui-ci est sauf, mais il a besoin d'un toit rapidement, pour mettre sa famille à l'abris. Il va donc demander à son ami le riche menuisier, de l'aider pour reconstruire un toit sur sa tête. Le menuisier répond qu'il est désolé, mais qu'il ne peut pas l'aider, car il ne sait que construire des meubles, pas des toits! Le bucheron va donc, tout trempé à cause des intempéries qui se poursuivent, frapper chez son voisin le charpentier, pour lui demander de l'aider à rapidement lui reconstruire son toit.
Le charpentier lui répond la chose suivante: "Et bien, cher voisin, je suis désolé, c'est vrai que j'aurais pu, mais vois-tu, moi aussi je ne travaille que pour mon ami, qui est un puissant armateur. Au revoir".

Inutile de vous dire qui est le charpentier, qui est le bucheron, qui est le richissime menuisier et qui est le puissant armateur, vous l'aurez tous compris.

Sur ce, Majesté, Peuple d'Athènes, je n'ai plus rien à ajouter et je vais donc me retirer. Je reviendrai ici aux premiers jours de l'année prochaine, à la Réunion entre les Cités attique, qui doit être organisée par Athènes.

Mes respects.

L'ambassadeur se baisse légèrement pour respecter le protocole, devant les citoyens et le Roi, avant de se retirer, encadré de son escorte d'élite, et de quitter l'Ecclesia.