Pour Kérasée

Xénos monta au podium, à l'heure où il savait que la foule allait affluer. Une fois perché au podium, il commença à intenter un discours qu'il avait préparé et appris :

Citoyens, si je viens en cet auguste jour discourir sur ce noble podium sur lequel j'ai intenté quelques discours, c'est pour éclaircir la situation de Kérasée, bien sûr, je ne parlerai pas au nom de la Boulê, et tout ce que je m'apprête à vous dire n'est que mon avis personnel de bouleute.

Il y a quelques années de cela, deux il me semble, une groupe de pauvre hère venait s'échouer au Pirée. La Boulê les reçut ; ils étaient fatigués du voyage, leur pallium n'étaient qu'aillons, mais surtout dans leurs yeux il s'y reflétait la mortelle langueur, la soif d'un peu plus de liberté qui est aussi accablante que celle que l'on peut éprouver en traversant une lointaine contrée de l'Orient, au delà du pays où pousse de grands cèdres. Ces gommes, usés par une vie ingrate, souhaitait obtenir note soutien pour améliorer la situation de Kérasée.

En Eubée, un tyran dont on ne pourrait décrire l'ignominie, tant il était plus hystérique que les furies, tant il était plus impie que tout les résidents du Tartare, tant il ne connaissait de modération, terrorisait un paisible peuple d'agriculteur qui cultivait ses terres et récoltait les fruits de Déméter. Pour couronner toutes les tares dont il est gangréné, il reniait son sang, oui, ce sang qui coule à flots dans nos veines, ce sang hellène, ce sang qui nous distingue des barbares. Car oui, sur Eubée, le tyran est l'ami des perses, oui, il s'est prostitué à ce peuple orientale impie et impudent qui ne manque pas une occasion de prendre le glaive contre nous. Ce tyran qui ne connaissait aucune justice est évidemment Prosarès « l'ami des Perses ». Celui-ci répondit, comme de bien entendu, à l'appel de son seul souverain selon lui, que dis-je ! Il répondit à l'appel de celui qu'il prend pour l'égal de Zeus, le roi des Perses. Cela vous montre bien la mentalité de ce terrible tyran, celui qui se montre comme notre ennemi.

Vous comprendrez facilement la forte passion qui m'emporta lorsque ils nous imploraient comme les plus pauvres des mendiants, comme si ils voulaient récupérer quelques miettes de liberté tombant de la table de la démocratie. Ils me rappelaient le peuple Athénien lasse de son tyran Ajax, alors je ne pus être pris que de pitié.

Certes, actuellement, la cité de Kérasée est gouvernée avec sagesse et justice par le noble Kelandros, qui revendique à juste titre, le trône d'Eubée. C'est un monarque des plus grands, contrairement au tyran qu'il veut détrôner, il aime son peuple comme un père aimerait son fils, il le regarde avec tendresse, veut le protéger tout en l'exerçant, il vit aussi dans la plus grande piété qu'il puisse exister : il rend un culte justifiée aux Olympiens, rien d'impie n'est présent en lui. Son seul défaut est d'être jeune, car quelque fois la jeunesse commet quelques maladresses, et il en fit, en effet, une à Kérasée. Par désir de justice, il en demanda trop à cette cité qui maintenant est à genoux car il demanda bien trop d'hommes et de ressources pour combattre l'ami des Perses qui est l'ennemi des hellènes. C'est pourquoi, je ne demanderais pas une indépendance totale de Kérasée qui serait inimaginable et déraisonnable mais une certaine autonomie vis à vis de Kelandros qui saura régner avec sagesse et modération.

Il est de notre devoir d'aider Kérasée, cette pauvre cité errant dans un aride désert de monarchie, parsemé des roches pointus de la tyrannie, balayé violemment par le vents glaciale de l'oligarchie. Allons nous leur refuser de s'abreuver à la source à l'onde pur qu'est la démocratie ? Est ce le peuple qui s'est battu pour la liberté qui fermera les yeux devant les autres tyrannies ? Il faut répandre nos valeurs inspirées divinement, car c'est le seul et unique moyen de nouer l'amitié entre nos deux peuples, c'est le seul moyen de faire régner la Concorde que nous désirons tous, sans aucune exception ! Combien de temps encore pourront nous supporter les cris de ses peuples esclaves qui nous demandent de les affranchir tout comme le peuple Athénien s'affranchit se son tyran qui régnait dans son seul intérêt ?

Maintenant il est temps d'agir, et je tiendrai le même discours à la Boulê, il faut sauver ce peuple du précipice dans lequel il s'enfonce en offrant tout ses enfants qui représentent son printemps dans une guerre fratricide et meurtrière bien que juste. L'eau des clepsydres a bien trop coulé, il n'est plus de temps de tergiverser longuement comme nous l'avons fait jusque là, mais plutôt de passer à l'action ! Peuple dAthènes, soutiens tes frères hellènes qui souffrent de la tyrannie et qui n'ont pas la chance de goûter à la liberté que chaque jour nous savourons !

Xénos attendit, sur le podium, les réactions et les questions de la foule.

Pour la première fois de sa vie, Aglaophon prit la parole.

Nous n'avons pas assez d'une guerre que tu nous en proposes une seconde. Athènes ne peut aider le monde entier auquel cas elle court à sa propre perte. Bon nombre de soldats souffrent déjà face à la tyrannie mathonienne et il devrait redoubler d'efforts pour mener campagne en Asie ! C'est impensable, c'est le suicide de la Cité que tu réclames !

Par ailleurs, occupons-nous de propager dans un premier temps nos valeurs démocratiques vers les cités les plus proches avant de la faire dans des contrées lointaines. Et pensons à nous protéger des Perses avant de les attaquer !

Je ne peux soutenir ta proposition car elle mettrait en péril ce pourquoi tant d'hommes se sont battus !

Xénos répliqua au citoyen qui lui avait répondu :
Je ne demande pas que le peuple reprenne à nouveau la sarisse et le hoplon, non, pour moi nous devons de les aider diplomatiquement ce qui est amplement possible. Nous devons tout d'abord pleurer nos morts qui coulent maintenant des jours heureux aux Champs Elysées après être mort pour notre défense contre la cité de Marathon, cette insidieuse cité qui assassina les Eupatrides sans aucune gêne, cette cité qui nous provoqua et qui s'opposa depuis toujours à Athènes !

Diplomatiquement ! Vous n'avez pas l'intention d'user de la diplomatie face aux Perses ou face à ce fameux tyran qui sévit sur l'Eubée ? Ou bien vous êtes un utopiste, un rêveur. Le seul moyen d'aider Kérasée, ce serait militairement ou bien encore financièrement. Mais je ne crois pas qu'Athènes en ait les moyens actuellement...

Clisthène le Jeune assitait à la hanrague, au milieu d'une foule compacte venue écouter l'orateur. Avec quelques uns de ses amis, il echange plusieurs mots et phrases, des rires éclatent entre eux. Clisthène le Jeune affiche une mine de déception à l'encontre de Xénos Dicéarque...

Xénos, riposta impassiblement :
Je crois que vous n'avez pas compris exactement la situation en Eubée. Une guerre civile oppose Kelandros et Prosarès, or Prosarès est parti avec son armée en Egypte avec les Perses. Kelandros, soutenu par Laurion et Orôpos, gagnait la guerre d'une légère avance, dans le dernier message qu'il m'envoyât, il m'informait qu'il était sur le point de reprendre une ville à Prosarès, et il m'a dit que pour lui assurer la victoire, il fallait que certaines îles des Cyclades arrêtent de donner leur soutien à Prosarès, or la situation politique au Cyclades me semble assez favorable pour leur demander de soutenir Kelandros.

Hippocrate applaudit le style de l'orateur chaleuresement, avant de répondre:

Belle présentation que tu nous fait la, Xenos, d'une situation qui est pour le moins bien plus compliquée que la vision manichéeenne et trop volontaire, pour ne pas dire hâtive, que tu nous présente. Je n'oserai contredire tes propos quant a la noblesse que serait une telle intervention. Mais en diplomatie, comme en politique, une vision éclairée est justement une vision qui s'affranchit des conceptions simplistes, pour permettre une reflexion plus pronfonde et assurément plus nuancée.
Certes que nous serions un grand peuple de se porter volontaire devant tout ce qui peut nuire aux avantages dont nous jouissons en chaque jour, mais nous serions un peuple d'aveugles que de nous compromettre dans des affaires qui nuirait à notre peuple avant de servir la cause des autres.

Peut être devrions nous en effet, user de notre poids pour défendre la cause de ce peuple, mais si ce geste délibérément gratuit, se fait au détriment de nos avantages, je m'y oppose. Athènes souffre d'une bien mauvaise réputation dans le monde héllène, suite aux multiples grossièetés ayant été faites avec nos voisins laurionnais, et aux retournements de vestes successifs des différents régimes qui se succèdent depuis 23 printemps. Avant que de se jeter dans des négociations sur des critères émotionnels, c'est à dire raisonner avec pareille négligences que lors des échanges dont nous payons encore le tribut, il serait préférable de peser les critères logiques et avant tout politiques.

Athènes peut elle défendre a corps perdu tout les peuples héllènes qui ne jouissent pas de nos avantages? j'en doute, autant la tache est grande, pour ne pas dire impossible. Alors qu'est ce qui pourrais pousser Athènes à s'investir dans ce combat. Nos relations neutres avec l'Eubée et les cyclades sont à conserver, et soutenir une cité avec laquelle nous ne partageons rien serait vélléitaire.

Alors je demanderais plutot: pour quelles raisons politiques soutiendrons nous la kérasée? Avons nous un avatage a le faire? Est il supérieur aux problèmes qu'une intervention impliquerait?

Tu la sais, Xénos, Athènes doit relver la tête, et montrer que ses diplomates sont réfléchis, notre mauvaise réputation nous a déja couté trop cher.

J'ajouterai qu'il y a peu, des hommes ont proposé qu'Athènes viennent en aide à l'Ionie qui elle, aussi, souffre du joug perse. A cette époque, les Athéniens et leur assemblée représentante ont préféré entrer en guerre contre Marathon. Je ne suis pas là pour dire qui avait raison ou qui avait tord mais je pose une question : pourquoi avoir jadis refuser l'aide que l'Ionie réclamait alors qu'Athènes pouvait se permettre un tel soutien et accepter de mener diverses actions en faveur de l'Eubée alors qu'Athènes est dans une situation plus délicate ? Si l'on peut répondre clairement à cette question, je serai susceptible de changer d'avis mais je ne crois pas qu'un quelconque argument vienne étayer cette différence de traitement.

Avant tout, Xénos répondit à Hippocrate :
Tes questions sont d'une perspicacité notoire, on voit l'ancien épistate rôdé à la diplomatie. Cette aide, selon moi, sera favorable à Athènes. Kérasée regorge à foison de blé, et cette cité possède un petit port. Ainsi, elle nous permettra de faire étape dans son petit port, mais c'est surtout le blé possédé par Kérasée qui est remarquable. La délégation de Kérasée nous a proposé de nous en vendre pour un prix des plus dérisoire, ce blé bon marché nous mettrait à l'abri définitif de la famine. Jusque là, nous en avons été assez protégé par notre piété, mais qui sait ce que demain nous réserve ? Une famine pourrait rapidement survenir, et pour nous en prémunir, un traité avec Kérasée est le meilleur moyen.

Puis il répondit à Aglophon :

Vraiment ? Je n'avais pas connaissance de cela. A quand cela remonte t-il ?

Interpelle Hippocrate:

En quoi défier un ami des Perses est une erreur ? En quoi venger nos frères morts contre la Perse est une faute ? En quoi laver notre honneur perdu est un parjure ?

Il en a été question quelques temps avant l'entrée en guerre contre Marathon. Mais la boulê n'a jamais souhaité débattre sur ce sujet alors que de nombreux notables connaissaient l'existence de ce problème...

[edit: c'est Hippo, désolé de ma confusion]

/répond à l'inconnu/

Justement, je voulais placer cette reflexion sur des critères autre que émotionnels. Vengeance, honneur, toute cité aspire a cela. Mais Avant que de pouvoir réagir avec le coeur, il faut aussi penser avec sa tête, et penser aux conséquences de nos actes.

/ A Xenos/

Voila enfin le vif du sujet. C'est de ca dont nous nous devons parler et réfléchir. Dans cette optique là, en effet Kérasée peut donner une contrepartie a notre soutien. Nousy gagnerons du blé, et un port. Mais au détriment de quoi? Que perdrons nous a cela?
Tu vois juste, je suis un ancie epistate. Pas actuel, et je dois reconnaitre quemes connaissances sur nos relations avec l'Eubée sont assez limités. Mais le sujet m'interresse, Xénos. Si la boulê pouvais présenter un rapport cohérent et objectif sur le pour et contre d'une intervention, et surtout sur les conséquences d'un tel acte, assurément que nous pourrions tous en discuter à l'ecclésia.

Xénos répondit à Hippocrate :
Pour les contreparties, cela dépendra de Kelandros. Je suppose qu'elles seront minimes si nous l'aidons diplomatiquement. Je ne peux guère en dire plus. Je suis sûr que nous en débattrons avec force de raison à la Boulê, avant de faire parvenir à l'ecclesia un traité.

Xénos attendit les autres questions de la foule ainsi que ses réactions.

En fait, il n'est nullement question pour toi de soutenir Kérasée par générosité. Tes ambitions dans la région ne sont point politiques mais seulement économiques. Ce n'est pas la point d'attaque que tu as choisi lors de ta première allocution. Quel noblesse de coeur ! C'est pathétique de vouloir aider une cité pour pouvoir en faire une vassale !

La réponse ne se fit pas attndre :
Non, ce n'est pas cela exactement. Je soutiens Kérasée, car je trouve la cause des habitants de cette cité juste, et, surtout car cela ne nuit pas aux intérêts Athéniens. Il appartient à la diplomatie Athénienne de servir les intérêts d'Athènes et non d'aider tout les hellènes qui nous implorent. Il serait, en effet, inadmissible de saigner à blanc le peuple d'Athènes pour des causes altruistes.

Il reviendrait en effet à la Boulê de débattre sur le sujet, puis à l'Ecclesia de juger sur ce qui lui sera proposé. Si l'Epistate juge bon d'introduire la discussion dans le Bouleuterion, je n'y vois pas d'objection. Mais gardons-nous bien de prendre de telles considérations à la légère.

Etonnamment tu n'avais pas le même discours. Et comment le fait d'avoir des relations privilégiées avec Kérasée justifierait-il la mort de nos hoplites alors que la guerre contre Marathon n'a pas encore désigné son vainqueur ? Je crois qu'il faut se préserver de tout risque d'affaiblissement de nos armées. Et le soutien à Kérasée nous affaiblirait plus qu'il ne nous apporterait.

Il n'a jamais été question de guerre, il n'a été question que de soutien diplomatique pacifique. Le peuple n'a pas à reprendre le hoplon et la sarisse, nous devons pleurer nos morts tombés dans cette guerre nous opposant à Marathon qui a vu notre victoire me semble t-il.

Sois précis, Xenos ! En quoi Athènes peut aider diplomatiquement Kérasée ? Quelle serait la nature de l'intervention ? Les peuples auxquels elle s'adresse ? Et l'efficacité supposée de cette intervention diplomatique ?

Peux-tu nous répondre sur ces sujets-là ?

Et Aglaophon montra de la main la foule qui se tenait devant eux.

Xénos sourit et dit :
Je ne répondrai de ces questions que devant mes pairs, je ne souhaiterais pas divulguer certaines informations prématurément.

Aglaophon ironisant :

Alors pourquoi en avoir parler ici ? Tes intentions ne sont pas claires, Xenos et je m'en inquiète. Tu viens ici nous affirmer qu'il faut aider Kérasée mais ne veux pas en divulguer la teneur. Que caches-tu ? De toute façon, le peuple via l'ecclesia en sera tenu au courant.

En diplomatie, certaines informations ne se divulguent qu'en temps et en moments voulu devant le peuple, il appartiendra à la Boulê de fixer la politique diplomatique et non à l'ecclesia. Pourquoi mes intentions t'inquièteraient elles ? Elle n'ont pas effrayés les bouleutes, choisis par les dieux...

Ce sera tout de même à l'Ecclésia de voter pour cette aide. Il faudra donc bien l'avertir un jour ou l'autre. Les Bouleutes sont choisis pour rédiger les lois qui régissent notre cité, pas pour cacher la vérité aux habitanst de cette dernière. Ta vision de la démocratie est étonnante.
Quant à la Boulê, les dieux choisissent ceux qui y siègent avec justesse mais sans garantir qu'ils ne se trompent jamais. Le passé nous en a parfois, malheureusement donné la preuve.

M'accuserais tu de cacher la vérité Aglaophon ? Jamais, je n'ai dis de mensonges au peuple athénien, mais certains procédés diplomatiques n'ont à être divulgué au grand public qu'au dernier moment, j'ai endossé pendant deux ans la fonction d'épistate et j'ai acquis une certaine expérience de cela.

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