Un invité prestigieux sur les podiums athéniens

passant par là Maxalas s'arrete afin d'écouter le voyoageur

Quelques personnes se sont rassemblés. Pour le moment le mystère qui entoure le discours de ce fameux "invité prestigieux" n'a pas séduit beaucoup de monde. Beaucoup attendent de savoir qui est-ce.

C'est alors qu'un homme contourne la petite cinquantaine de citoyens amassés et prend la parole :

Salut à vous tous Athéniens !
Je suis Neileos, fils d'Eratos, et originaire de la grande cité des philosophes : Milet.
J'ai voyagé jusqu'à la grande Athènes, cité du sage Solon dont la réputation inonde le monde de sa clairvoyance et de sa grandeur.

Aujourd'hui je suis là pour vous introduire l'un des plus grands sages grecs et du monde, celui qui a prédit la grande ecclipse de -585, celui qui voyagé en Egypte pour parfaire ses connaissances, le grand philosophe de Milet : Thalès de Milet.

Un homme d'à peu près 70 ans se déplaçant avec une canne monte sur le podium et fait fasse à la foule qui a grandi quelque peu. TOut le monde est excité de voir en personne le philosophe Thalès.
Il lève la main comme pour saluer la foule puis prend la parole :



- Il est difficile de se connaître soi même, Athéniens, mais connaître l'autre, son voisin, est d'une simplicité presqu'enfantine parce que la connaissance de l'autre ne suppose pas de profondeur.
On peut connaître son voisin parce qu'on l'a salué une fois. Mais on ne peut pas dire se connaître parce qu'on s'est vu dans le reflet de l'eau.
On peut connaître un ami parce qu'on rit avec lui, mais on ne peut pas dire qu'on se connait parce qu'on sait que l'on pleure lorsqu'on est malheureux et que l'on rit lorsque l'on est heureux.

Les Athéniens présents applaudissent. Tous ne comprennent pas mais admirent le discours.

- En tous cas, une chose est sûre citoyens Athéniens, ce qui est arrivé est d'une limpidité certaine, mais personne ne peut savoir ce qui arrivera. Ainsi personne ne pourra vous dire que vous vous connaîtrez un jour, et cela même si vous montrez des prédispositions à vous connaître. C'est le temps, si sage et si puissant, qui vous révèlera tout.

Je suis ici, Athéniens, parce que je veux vous dispenser mon enseignement. Etre philosophe ça n'est pas être supérieur aux siens, c'est être leur cerveau. Je suis celui qui a été élu pour réfléchir sur le sens des choses pendant que vous, vous travaillerez ces mêmes choses. Je suis un être hors du temps qui admire, un spectateur sans préjugés qui regarde notre monde et le dissèque.
Je suis prêt à écouter vos questions sur le sens du monde, je suis votre serviteur car, après avoir pensé le sens du monde, je peux vous en restituer une partie du mystère si toutefois cela vous intéresse.

Thalès s'appuie sur sa canne et attend les interventions.

Derrière la petite foule on entends soudain un individu rire, c'est Calliclès

Ahahahah...

Vous les philosophes vous me faites bien rire, vous avez l'air tellement d'y croire à ce que vous dites.

Vos réflexions sont inutiles, quel est l'intérêt de pareil raisonnement?
Qui suis-je ?Ou vais-je? Qu'est ce que le juste?Ce n'est qu'une perte de temps de réfléchir à tout ceci.
Il y a des choses bien plus importantes dans la vie.

Philodémos sort prestement une tablette de sa toge et note à la va-vite quelques sentences du grand philosophe pour y réfléchir plus en profondeur au calme.

L'intervention idiote d'un membre de l'assistance le pousse a réagir. il lui lance en ricanant :

En effet il y a des choses bien plus importantes dans la vie ! Alors que fais-tu là ? Va donc gratter le cul de tes porcs, ils t'attendent avec impatience et peut-être comprendras-tu leur philosophie à défaut de comprendre celle des grands esprits de notre temps !

Thalès de Milet prend la parole :

- Citoyens athéniens, la colère est source de bien des maux. La cultiver c'est comme prolonger la jachère, c'est perdre du temps mais pour mieux renaître.
D'ailleurs, mais chez amis, vous tous réunis, connaissez vous le concept de renaissance, la PALIGENESIA ?

sortant de l ombre Maxala intervient:

il n y a de renaissance qu apres une mort.

une civilisation peut renaitre, une terre également , parfois une idée, peut etre une ame; mais l homme une fois mort ne renait pas..

-rire -

du moins pas ceux traversés par mes fleches

vieillard j aime le fait de parler des choses de la vie mais il n y a un point que je ne passerais pas ; celui de notre triste réalité. dont la mort du corps humain fait partie....

c'est cela qui rend note vie bien plus précieuse, sachant que si nous la ratons et/ou gachons il n y en aura pas d' autres....

Thalès retrouve le sourire devant l'intervention de Maxalas.



- Tu as compris une partie du sens du mot Paligenesia. Il ne s'agit pas d'une renaissance de ton esprit mais une renaissance de ton corps.
Vois-tu, dans la nature, il y a tant et tant d'organismes vivants, chacun se croisant, s'aimant, se mélangeant, ou s'entretuant.
Ainsi, les plantes se nourrissent des minéraux, les animaux se nourrissent des plantes, et les hommes se nourrissent des animaux ou de ce qu'ils produisent.
La Paligenesia, ça n'est pas la renaissance de ton corps et de ton esprit en étant conscient que cela arrive.
C'est la renaissance après la mort dans un concept universel. En réalité, les naissances viennent des morts. Un sol recouvert d'une carcasse d'animal aura de l'engrais pour se développer d'avantage, la mort d'un animal permettra à un homme de nourrir son nourrisson ...
La Paligenesia c'est le processus de la vie qui veut que la mort d'un seul nourrisse une série d'autres.

lancant fier de son futur effet

comme l 'assassinat d'Eukrates nourit les desseins de ses auteurs!

et comme la punition de ses auteurs nourrira ma satisfaction

Thalès sourit ...

Si tu veux, citoyen.
Mais aussi, comme ta propre mort nourrira les végétaux tout autour.
Ce n'est pas ma propre mort qui refera naître mon propre corps et esprit. C'est ma mort qui nourrira d'autres vivants.

J'espère que maintenant vous avez une vision plus claire du concept de Paligenesia.

- Dis-moi une chose, philosophe, quel intérêt ais-je à la renaissance si je ne peux y assister de mon vivant ? Nous sommes peut-être intégrés dans un cycle de vie et de mort qui nous dépasse, j'en conviens sans problème, mais quelle joie suis-je censé tirer de l'idée que mon corps ira nourrir les fourmis une fois en terre ? N'est-ce pas plutôt une pensée bien triste ?

- C'est bien triste effectivement si tu t'arrêtes à cette idée purement physique : celle qui veut que ce soit ton corps qui, seul, permet la renaissance.
Or, ton esprit peut très bien favoriser la renaissance lui aussi. Un homme peut mourir et voir ses idées défendues après sa mort. Ainsi sa mort aura fait renaître ses idées, aura permis qu'elles obtiennent enfin un statut digne de lui, en tous cas digne de ce qu'il imaginait pour sa cité.
C'est en quelque sorte un sacrifice.

Malgré qu'il ait clairement montré son avis sur la philosophie, Callicles est resté

Ce que tu dis là ne peut être vrai que pour de grande personne. Jamais personne ne se souviendra des idées d'un simple laboureur par contre on se souviendra des idées d'Eukrates et encore de mon vivant c'est possible mais dans 500 ans qui s'en souviendra. Et même si certaines idées perdurent, elles peuvent être modifiées, corrompues, mal interprétées dans le futur.

Alors je préfèrent vivre à l'instant présent que de pensée à mon futur qui, quoi qu'on tente de faire, même si on arrive à démontrer certaines théories comme celle ci, sera toujours inconnu.

On se souvient de Solon et ses idées perdurent puisqu'elles régissent notre cité.

On en se souvient sûrement peu des noms mais les idées, les évolutions demeurent.

Quel est le premier homme qui inspiré par Athéna a songé à cueillir l'olive, nul ne le sait mais son héritage aujourd'hui est encore présent.
Cet homme sage est oublié mais sa curiosité, sa sagesse ainsi que sa piété appartiennent aujourd'hui à la collectivité.

Thalès de Milet regarde avec amitié Aglaophon



Ce qui sort de la bouche d'un philosophe n'est pas politique ni idéologique, il est spirituel et par essence vrai puisqu'inspiré par les Dieux.
Il n'est pas facile d'admettre la vérité des choses mais parfois, l'évidence est telle que l'on ne peut détourner son regard.

La Paligenesia est la renaissance de toutes choses à travers le processus de survivance. Vous êtes entourés de Paligenesia. Lorsque la royauté est morte à Athènes, il y a de celà plus de 120 ans, certes les artisans de cette chute ont crié à la fin de toute forme de monarchie. Cependant, aujourd'hui encore, parce que le processus de la Paligenesia est immuable et vrai pour tous, son héritage vous suit, vous éclaire parfois.

J'ai appris la mort tragique de l'un de vos meneurs politiques, dont un citoyen vient de parler : Eukratès.
Cet homme était sans doute apprécié des siens et respectés de ses adversaires. Il avait des idées qu'il a transmises, peut-être même y a-t-il des idées qu'il n'a pas eu le temps de transmettre. Soyez sûrs que prochainement, ses fils spirituels feront en sorte que ces idées jaillissent et soient les idées de l'Athènes de demain.

Si vous me permettez, je suis un peu fatigué et je vais me retirer, mais je voudrais terminer par ces quelques mots sur lesquels je vous demanderais de réfléchir si vous en avez le temps. Je suis persuadé que leur message vous paraîtra plus clair dans les temps prochains :

Si la paligenesia est la renaissance à travers la mort d'autrui, il y a un autre phénomène très intéressant et très significatif : le Sinonisme.
Le renaissant, et dont le bénéficiaire dans le concept de Paligenesia, a, dans ce cas, conscience que la mort d'un autre ou d'autres lui apporte quelque chose.
C'est un phénomène très intéressant révélateur des capacités humaines. En tous cas, retenez bien ceci, si jamais vous pensez un jour rencontré ce phénomène : Une caresse préalable assaisonne toujours le sinonisme.

Thalès de Milet sourit puis fait un signe de la main pour indiquer qu'il se retire. Il est applaudit par une foule de maintenant 200 personnes au moins.

Maxalas le ratrappe....