Solon ressort enfin de la foret, l'air léger. Il se dirige vers l'auberge, y rentre, s'acoude au bar et commande. L'aubergiste :
-Hé ben! J'peux savoir, pure curiosité, pourquoi z'ètes tellement joyeux? Z'avez trouvé la toison d'or?
-Mieux que ça, mon ami! répond-il
L'aubergiste, désormais intrigué : -Racontez voir.
Solon prend ses aises avant de commencer son récit, puis se lance:
-Comme je vous le disais en partant ce matin, je voulais chercher des informations sur mes parents...vous avez du entendre la querelle de Zoroastre et Polyphème a ce sujet...je disais donc, je me suis d'abord dirigé vers les archives, sans succès. M'est alors venu à l'esprit (j'aurais dû y penser tt de suite d'ailleurs) l'idée d'aller contacter le prêtre qui m'avait recueilli enfant, et qui, je le savais par quelques rumeurs, vivait désormais non loin de cette cité. Après quelques heures de marche, je le trouve, grace à de braves paysans qui m'ont indiqué la direction. Nous échangons les formalités d'usage, pure politesse et ancienne amitié, puis je passe à l'affaire qui m'intéressait. Il me dit alors:
-Aaaah...je me doutais bien que tu devrais revenir, un jour ou l'autre...très bien, tu es en âge depuis longtemps, je n'attendais que ta demande. Après tout, cette véritée ne te causera aucun mal. Elle pourrait même t'aider.(il sourit) Tes parents étaient des anciens citoyens d'athènes...d'assez vieux nobles, respectés par toute la cité, et c'était justifié puisqu'ils étaient généreux et sympathiques.
-Pourquoi alors m'auraient-ils abandonné??
-Ton...père comptait plus que tout sur le respect du à son rang. Il ne supportait pas les outrages (j'étais un très bon ami à lui). Or, après une soirée...hum...bien arrosé, il a couché avec une des femmes du banquet, citoyenne aussi, d'ailleurs. Bref, 9 mois plus tard, tu naissais dans un batiment de cette cité. Ton père ne voulut malheureusement pas te reconnaître, encore une fois à cause de sa manie du respect. Tu imagines le discrédit que cette nouvelle aurait jeté sur toute la famille. Il t'a donc confié à moi, et je t'ai elevé. Voila l'histoire, somme toute bien banale.
-Et mes parents? Que sont-ils devenus?
-Une fin tragique et idiote. Ils faisaient un voyage d'agrément, des voleurs leur sont tombés dessus, ont demandé leur argent, tes parents ont refusés, les bandits ont perdus patience et les ont jetés dans la rivière après les avoir tués...
Solon baisse la tête et commence a réaliser ce que son ami vient de lui dire.
-ça n'a pas l'air de te rendre si triste? non?
-Je ne les ai jamais connu...et si mon père tenait plus à son respect qu'à son fils, il n'était sans doute pas digne que je le pleure. Pour ma mère...je ne ressens pas grand-chose pour elle...c'est toi que je considère comme ma seule famille.
-Merci. ça me touche.
Ils restèrent encore quelques minutes assis, Solon se leva et repartit.
-Voila. Vous savez toute l'histoire. Merci de l'avoir écoutée. Après quelques minutes de marche, je me suis senti plus joyeux, heureux d'enfin connaître la vérité.
-De rien. Allez vous reposer, vous en avez visiblement besoin.