Achats...

Cabonos vit Hécate discuter avec les marchands. Il s'approche d'elle silencieusement :

Bonjour, Hécate, heureux de vous revoir !

La belle sursauta !

Effectivement, Hécate sursauta mais un large sourire fit place à son étonnement lorsqu'elle reconnut l'irremplaçable Cabonos.

Oh bonjour cher ami! Comment allez-vous donc? Seriez-vous également en train de faire quelques courses ou vous promenez-vous dans cet endroit si gai et jovial à la recherche de quelque inspiration pour vos futures oeuvres poétiques?

Je me promène mais justement j'allais rentrer. Quel plaisir de vous voir ! Où étiez-vous ces derniers temps ? Vous cachiez-vous ?

Cacher?

elle rit

et pourquoi donc? Non, j'ai passé énormément de temps à l'atelier, ne serait-ce par exemple que pour confectionner une robe de mariée à Almédia à la hauteur de l'élégante et charmante jeune femme qu'elle est. Et comme vous le voyez, je suis complétement à cours d'accessoires. J'ai également besoin de souffler un peu et le marché m'a paru le lieu idéal pour les deux à la fois! Et on y fait de très agréables rencontres inopinées...

Est-ce que je fais partie de ces rencontres ? Mais Qui est cette Almédia, je ne le connais pas. Et avec qui se marie-t-elle donc cette heureuse jeune femme ?

Cela va de soi, cher ami, c'est toujours un plaisir immense que de vous voir, vous qui, bien malheureusement, êtes parfois si occupé par vos prestigieuses fonctions! Almédia est une de mes amies, bien respectable Athénienne, qui va s'unir sous peu par les liens du mariage à l'Héliaste Ptolémée, peut-être ce nom vous est-il familier?

Oui j'ai déjà eu affaire avec lui mais je le connais peu. Que le bonheur recouvre leur couple et leur future famille ! Ils ont bien de la chance !

En effet, qu'ils vivent heureux et comblés l'un avec l'autre. Vous-même avez-vous une femme dans votre coeur?

Vous savez je suis bien plus réservée qu'on ne le croit et j'ai bien du mal à deviner ce que femme pense de moi.

Certe, les femmes sont parfois insondables... mais ce que vous, cher ami, pensez des femmes...

Vous êtes bien curieuse chère amie ... D'où vous vient cette soudaine envie de savoir ? Et puis vous, avez-vous quelqu'un ? J'ai cru savoir qu'un des concurrents du concours hippique courrait pour vous !...

Oui, en effet, vous avez bien vu, le capitaine des gardes Egisthe me fait l'honneur de cette course, je n'en suis que trop flattée... mais ne détournez pas mes questions, cher Cabonos, j'attends toujours votre réponse. Entre amis, ce genre de confidences serait-il déplacé?

Peut-être en effet ... Mais vous savez je cours aussi pour vous ! Je cours pour ceux qui croient en moi !... Et vous en faîtes partie, j'espère !

Oui je crois en vous,

répondit-elle simplement mais sincèrement,

mais je vois qu'il est inutile d'insister, vous n'êtes pas décidé à me révéler votre coeur.

Vous ne l'êtes pas non plus d'ailleurs !

Cabonos affichait une assurance assez désarmante. Il avait toujours ce ton ironique et taquin qui l'avait fait connaître à Athènes. Il était impossible de savoir ce qu'il pensait. Il semblait systématiquement en représentation et on ne pouvait discerner ces mensonges de ces vérités.

Hécate ne put s'empêcher de sourire:

Toujours aussi moqueur et taquin! Vous êtes un bien plaisant personnage, et c'est ainsi que vous me plaisez cher ami!

Très heureux de vous plaire !

Et ce merveilleux tissu me plaît tout autant!

répliqua-t-elle amusée en se tournant vers le marchand.

Elle régla ses achats puis prit congé de son ami, sans oublier de l'inviter auparavant à passer un jour à son atelier.

Peut-être y trouverez-vous quelque chose à votre goût!

ajouta-t-elle.

J'y passerai avec grand plaisir mais pas pour admirer vos tissus qui je me doute sont magnifiques mais pour vous admirer vous, Hécate...